Escroqueuse, un album inédit sur le quotidien du diabète
Ou comment déconstruire les idées reçues sur la maladie chronique du siècle
Publié le novembre 12, 2024
3 minutes
Copyright Ana Waalder et Mikhaël Allouche/ Editions Delcourt
Ana Waalder et Mikhaël Allouche se sont associés pour écrire et illustrer le récit d’une enfant diabétique, de l’apparition de la maladie, jusqu’à son appropriation par le personnage devenu jeune adulte. D’une maladie chronique qui assombrit le quotidien, cet album démontre qu’il est possible de trouver des chemins qui s’affranchissent des obstacles inhérents au diabète et permettent de vivre pleinement sa vie. Les auteurs reviennent sur leurs motivations à se lancer dans la création de cet album.
Ana, vous vivez avec le diabète depuis l’âge de 3 ans, Mikhael, vous aussi vous vivez avec, puisque vous êtes son conjoint et vous vous êtes lancés dans l’édition d’une bande dessinée. Qu’est-ce qui a motivé cette aventure ?
AW & MA : Le ras-le-bol ! Nous en avions assez d’être confrontés à la méconnaissance. Qu’il s’agisse de la famille, des amis, des médecins… tant que le diabète n’est pas vécu, personne ne peut se figurer la charge que la maladie impose tous les jours. Un diabétique endure aussi trop souvent des moqueries, injonctions, conseils non sollicités et surtout non avertis ! On associe souvent le diabète à la nourriture, or cette association pousse à croire que l’on mériterait notre maladie, ou bien qu’il suffirait que nous modifiions nos habitudes alimentaires pour ne plus être malades !
On a alors décidé de créer un récit qui emmène le lecteur dans la vie d’une enfant diabétique et de sa quête jusqu’à l’âge adulte.
Escroqueuse retrace donc le parcours d’une petite fille se débattant avec malice contre le diabète.
Elle trouve des stratagèmes pour rassurer son entourage parce qu’elle culpabilise de les inquiéter autant. Cet enfant arrivera à se construire avec le diabète, non pas contre la maladie.
Un autre personnage imaginaire accompagne la petite fille, digne des westerns hollywoodiens, qui affronte les sujets sans détour et qui n’acceptant pas sa maladie, part à la conquête d’un remède miracle.
Le message principal est qu’il est possible de trouver des chemins qui surmontent la maladie pour se l’approprier et pour vivre pleinement sa vie.
A l’occasion de la journée mondiale du Diabète, vous rencontrez les collaborateurs de Air Liquide Healthcare. Que souhaitez-vous partager avec les équipes qui accompagnent à domicile les personnes vivant avec le diabète dans le monde ?
AW : Les personnes vivant avec le diabète ne doivent pas se sentir coupables de ce qui leur arrive. Vos équipes ont le pouvoir d’apaiser les patients en étant attentives à leurs besoins de façon holistique. La mauvaise observance au traitement est avant tout un refus de la maladie, pas un caprice.
Les aidants ont aussi un rôle primordial. Il est très difficile de s’en sortir seul(e), quel que soit l’âge. En tant que patient diabétique, on a besoin d’être entouré(e) de personnes qui connaissent les bons gestes en cas d’hypoglycémie et, mieux encore, qui comprennent ce qu’on traverse. Il y a des moments où on ne maîtrise plus ce qui nous arrive malgré la gestion de la maladie qui nous impose un contrôle permanent. L’aidant est celui qui trouve les ressources et les moyens d’apaiser le malade vis-à-vis de cette crainte de se sentir dépossédé(e) de soi, quelques instants.